Vers une nouvelle imposture ? Le secteur privé aux commandes du chaos, Fritz Jean s’en va, les gangs restent

Port-au-Prince, 29 juillet 2025 – À l’approche de la fin du mandat de Fritz Jean à la tête du Conseil présidentiel de transition (CPT), prévue pour le 7 août, des tensions grandissantes et de profondes inquiétudes agitent les coulisses du pouvoir. Au centre des débats : la possible mise en place d’un tandem exécutif issu du secteur privé des affaires, à un moment où plusieurs figures de ce milieu sont soupçonnées de liens avec des groupes armés.
Selon des sources proches du CPT, le nom de Laurent Saint-Cyr, personnalité influente du secteur privé, circule avec insistance pour succéder à Fritz Jean. Toutefois, cette éventualité suscite de vives réticences. En cause, sa double nationalité présumée, qui pourrait contrevenir aux critères d’éligibilité exigés pour accéder à cette fonction. Certains conseillers dénoncent ouvertement ce qu’ils perçoivent comme une tentative du secteur privé de renforcer sa mainmise sur la transition.
Un employé du CPT évoque également des “problèmes techniques” entravant, pour l’instant, la nomination de Saint-Cyr. Dans ce climat de flou et de tiraillements, d’autres noms sont évoqués comme alternatives potentielles, notamment celui de Leslie Voltaire, ancien président du CPT et figure politique chevronnée.
Parmi les scénarios sur la table figurent également une possible reconduction de Fritz Jean ou encore un retour d’Edgard Leblanc Fils, ancien président du Sénat. Ces options sont envisagées pour éviter une impasse institutionnelle, faute de consensus clair. Par ailleurs, les trois conseillers éclaboussés par le scandale de la Banque Nationale de Crédit (BNC) seraient écartés des discussions en cours, d’après les mêmes sources.
Dans l’opinion publique, l’éventualité d’un duo Laurent Saint-Cyr – Emmanuel Fils Aimé à la tête de l’exécutif suscite de vives inquiétudes. Tous deux sont perçus comme les représentants d’un secteur privé de plus en plus décrié pour son rôle présumé dans le financement de gangs armés. L’affaire Réginald Boulos, arrêté récemment aux États-Unis pour des soupçons de liens avec ces groupes criminels, reste emblématique de cette dérive.
Au-delà des jeux de noms et d’alliances, c’est l’ensemble du processus de transition qui est remis en question. Jugé coûteux, inefficace et incapable de restaurer la sécurité, le CPT fait l’objet de critiques croissantes de la part de la population et de nombreuses organisations de la société civile. Plusieurs voix réclament aujourd’hui une refondation totale du processus.
À ce jour, aucun accord formel n’a été trouvé au sein du CPT sur la direction à prendre après le 7 août. L’absence de feuille de route claire ne fait qu’alimenter les doutes et les frustrations dans un pays en quête de stabilité.

La Redaction de Hebdo POST